Art’Cycle : REPARER et RECYCLER des vélos, même anciens

Art'Cycle : REPARER et RECYCLER des vélos, même anciens

Un atelier aux multiples facettes

Arcy-sur-Cure est une commune qui abrite un atelier aux multiples facettes. Yvan Millat Carreras y répare les vélos, avec une passion particulière pour les modèles anciens. Mais son savoir-faire ne s’arrête pas là : il crée aussi des poteries, des bijoux et des accessoires à partir de matériaux recyclés. Pour lui, les vieux cycles font partie du patrimoine français, et il serait dommage qu’ils tombent dans l’oubli. Certains vélos qu’il a restaurés remontaient jusqu’à 1850. Ce qui rend cela possible, au-delà de sa spécialisation, c’est sa collection de pièces détachées. Avec les années, Yvan a amassé un véritable trésor de composants devenus rares ou introuvables sur le marché. Cela lui permet de redonner vie à des vélos qui, sans cela, seraient impossibles à restaurer.

Une démarche écologique assumée

Dans sa démarche, Yvan pousse le recyclage à son maximum. L’écologie est au cœur de son activité : son atelier fonctionne selon une logique de réutilisation et de transformation. D’après le gouvernement, chaque année, environ 30 000 tonnes de cycles sont jetés dans les ordures ménagères ou en déchetterie et seulement 4 000 sont récupérées par des associations pour les réhabiliter. Selon l’ADEME, 90 % de ces cycles jetés pourraient être réutilisés ou recyclés.

Le piège de la décharge

Le problème que l’on rencontre, c’est qu’une fois qu’un objet ou un matériau est placé en décharge, il devient très difficile, voire impossible, de le récupérer. Les matières qui auraient pu être valorisées, comme les métaux ou certains plastiques, sont alors exposées à une dégradation rapide ou à une contamination par d’autres déchets, notamment organiques ou chimiques, les rendant donc dangereux à fouiller et à réintroduire. Un processus de sécurisation du site est mis en place, à travers une compaction et un ensevelissement. Une fois souillés ou compactés, ces matériaux ne peuvent plus être triés correctement ni réintroduits dans une filière de recyclage, car ces centres sont placés bien plus haut en amont d’une décharge. Celle-ci est donc la dernière étape de traitement des déchets. Finalement, ce phénomène illustre parfaitement l’un des travers majeurs de notre société de consommation : le réflexe de jeter prévaut encore trop souvent sur celui de réparer ou de réutiliser, même avec l’arrivée de la conscience écologique.

Les chambres à air, un défi technique

Les chambres à air de vélo incarnent bien cette difficulté. Fabriquées à partir de butyle, une forme de caoutchouc, elles sont conçues pour durer, mais justement, cette résistance rend leur recyclage particulièrement complexe. Il faut des procédés techniques spécialisés pour pouvoir les traiter, et très peu d’infrastructures sont aujourd’hui capables de le faire à grande échelle. En l’absence d’une filière structurée en France, ces chambres à air sont encore, dans la majorité des cas, incinérées ou enfouies avec d’autres déchets. Pourtant, une lueur d’espoir est apparue avec la société allemande Schwalbe, fabricant de pneus, qui a investi dans un programme de recyclage en Europe, et qui, depuis 2024, a permis à ce programme d’être accessible en France. Il permet de collecter, trier et transformer ces pièces en limitant fortement l’impact environnemental. Mais même avec l’arrivée de cette société allemande, le traitement des chambres à air reste compliqué, notamment pour un défaut de logistique mais aussi de technique, ce qui fait qu’en 2025, nous sommes encore aux “balbutiements” du recyclage complet des chambres à air.

Le vélo broyé, une perte irrémédiable

Lorsqu’un vélo entier est placé en décharge, la situation devient encore plus irréversible. Lorsqu’on sait à présent que 30 000 tonnes de cycles sont envoyées à la décharge, il est encore plus urgent de réagir. Ces véhicules sont souvent broyés ou compactés avec des tonnes d’autres déchets ménagers ou industriels, parfois même médicaux, ce qui fait que leurs composants se mélangent à des matières diverses, parfois toxiques comme les lixiviats ou d’autres agents pathogènes. De ce fait, cela les rend impropres au tri, au recyclage et donc au réemploi. La récupération devient dès lors non viable sur beaucoup de points. Cela coûte trop cher, et sur le plan technique, c’est trop complexe. Pire encore, en étant mêlé aux déchets cités plus haut, il est tout simplement dangereux de sortir des vélos mêlés à des ordures toxiques. Pourtant, l’enfouissement reste malheureusement la solution choisie, même si elle ne règle en rien le problème environnemental : ces objets ensevelis peuvent libérer, à long terme, des substances polluantes, et participent à la saturation progressive des sites de stockage. C’est pour ça qu’il faut privilégier au maximum le recyclage et faire attention à ce qui peut partir aux ordures ménagères, car une fois transférés dans le processus de la déchetterie, même un élément aussi “massif” qu’un vélo finit enfoui et compacté.

Les décharges sauvages, encore plus problématiques

Mais il y a pire que de jeter un vélo encore utilisable à la décharge. Chaque années, plusieurs tonnes de cycles sont jetés dans des décharges sauvages, dans l’eau, ou laissés à l’abandon dans la rue.

L’atelier comme alternative concrète

Favoriser la réparation et le réemploi, c’est une priorité, et récupérer les pièces d’un vélo pour les réhabiliter, c’est la priorité d’Yvan qui veut éviter que des matériaux encore utiles ne disparaissent définitivement sous des tonnes d’ordures. Yvan, à son échelle, participe donc pleinement à cette dynamique. Lorsqu’il restaure un vélo, rien n’est perdu : ce qui est cassé est réparé, ce qui ne peut l’être est recyclé ou transformé. Même les chambres à air trouvent une nouvelle vie sous forme de bijoux ou d’accessoires, que ces matériaux proviennent de vélos ou de motos, elles sont transformées en sacs, en boucles d’oreilles très légères et agréables à porter, qui conviennent aux styles de chacunes et chacuns. C’est grâce à cet état d’esprit qu’il est membre du réseau Répar’Acteurs, un collectif national porté par les Chambres de Métiers et de l’Artisanat et l’ADEME. Ce réseau regroupe près de 7 500 artisans engagés dans la réduction des déchets et la consommation responsable. Un réseau qui met en avant aussi l’utilisation du reconditionnement avant d’acheter du matériel neuf fraîchement sorti d’usine.

Répondre à un besoin local

Art’Cycle s’est d’abord fait connaître par le bouche-à-oreille et quelques flyers discrets, mais c’est en répondant à un véritable besoin local qu’il a provoqué le “boum du vélo ancien”. Entre Auxerre et Avallon, aucune boutique de cycles n’était présente, laissant de nombreux habitants dans l’impossibilité de faire réparer leurs vélos. Beaucoup possédaient d’anciens modèles oubliés dans leurs garages, mais ne pouvaient les transporter jusqu’aux grandes villes, faute de place dans leur coffre. Yvan a su saisir cette opportunité en proposant une alternative accessible : la réparation à moindre coût, rendue possible par le reconditionnement des pièces qu’il avait déjà en stock. Une solution économique, mais aussi écologique, car réparer coûte souvent moins cher que racheter du neuf. En valorisant le recyclage plutôt que le gâchis, Yvan redonne vie à des vélos anciens et uniques, tout en laissant son empreinte dans l’Yonne. Son atelier est localement devenu important car il incarne une vision durable de la mécanique. Pour lui, les vélos d’époque ont été conçus pour durer : les jeter, ce serait gaspiller un véritable patrimoine.
Il est à rappeler qu’une pièce reconditionnée n’est ni usée ni défectueuse. Si un composant ne peut être réemployé tel quel, il est orienté vers le recyclage pour entamer une seconde vie, parfois sous forme de bijoux ou d’accessoires.

Un engagement clair contre le gâchis

Son mot d’ordre est clair : éviter le gâchis. En France, un million de vélos sont jetés chaque année, alors même qu’un cycle bien conçu peut rouler pendant des décennies. “Longue vie à nos vélos”, affirme Yvan, convaincu que la remise en état ou le recyclage de leurs pièces est bien plus sensé que de les envoyer en décharge, où tout est définitivement perdu.

Le recyclage comme art de vivre

Yvan, c’est aussi un artiste qui s’est “recyclé” lui-même. S’il manie ses mains avec précision pour la mécanique, il sait tout autant les accorder à des gestes tout aussi précis et qui demandent tout autant de rigueur, voire plus encore. Son atelier ne lui sert pas qu’à réparer les vélos : il façonne aussi la terre. La poterie, il la porte en lui depuis l’enfance, héritée de ses origines andalouses, imprégnées des traditions maures où la céramique y est grandement intégré. L’ouverture d’Art’Cycle a été pour lui un tournant. Lorsque Yvan est revenu d’Autriche pour s’installer en France et ouvrir son atelier, un ami à lui a quitté le pays en lui offrant son tour à potier. Yvan s’est remis à cet art ancien qu’il n’avait finalement jamais quitté. Son atelier est devenu, dès lors, un espace d’expression. Situé dans l’Yonne, il bénéficie d’une des meilleures argiles de France, celle de Puisaye. Il va lui-même la récolter, avant de la transformer en objets uniques, selon l’inspiration du moment ou à la demande de ses clients. En somme, il répond à des commandes.

 

 

Partagez :

Inscrivez-vous à notre newsletter pour ne rien manquer !
lines.png
RECHERCHER
lines.png
Nos partenaires
lines.png